Travailler sur le terrain lorsqu’on est diabétique

Le diabète est une pathologie chronique qui peut être contraignante en raison de la surveillance qu’elle impose ou de la prise des traitements. Cet article aborde la façon de continuer à travailler sur le terrain (travail en extérieur, déplacements, horaires décalés, conditions difficiles, etc. lorsque l’on vit avec le diabète. Il ne s’agit en aucun cas d’un avis médical, ce sont des conseils pratiques. 

Recrutement dans la Police nationale et diabète
 
Le recrutement dans la Police Nationale est soumis à une visite médicale par un médecin agréé. L’agent est ensuite déclaré apte ou inapte, conformément à un arrêté du 13 mars 2023. Être diabétique n’est pas systématiquement éliminatoire même s’il peut entraîner l’inaptitude aux postes dits opérationnels (CRS, gardien de la paix, RAID, etc. Cela concerne notamment le diabète de type I qui nécessite des contrôles réguliers avec si besoin prise d’un traitement. Le diabète de type II, notamment s’il est équilibré et sans complication (rétinopathie, etc. est moins souvent un obstacle. Chaque cas est unique et est individuellement étudié par le médecin.

 
Spécificités du travail de terrain et défis pour le diabétique

Lorsque l’activité professionnelle se déroule principalement sur le terrain (police secours, CRS, etc. certaines contraintes s’ajoutent au suivi du diabète :
  • Forte probabilité de produire des efforts physiques et exposition à des variations de température, à la déshydratation 
  • Les déplacements et horaires décalés peuvent perturber la prise des médicaments ou des injections, le moment des repas ou collations, et la surveillance de la glycémie. L’environnement de travail peut comporter des risques supplémentaires (port de charges, conduite, météo extrême, environnement chaud/froid, accès limité à de la nourriture ou de la boisson) qui doivent être pris en compte dans l’équilibre glycémique et la sécurité.

Il est donc nécessaire de prendre des précautions supplémentaires : veiller à une bonne hydratation, éviter les efforts aux heures les plus chaudes, surveiller la prise de médicaments et le matériel régulièrement.

 
Clés pour exercer sereinement sur le terrain

Voici les principaux points à anticiper et à organiser :

A. Préparation et organisation
 
  • Avant tout, discuter avec son médecin des contraintes propres au poste : effort physique, horaires décalés, déplacement, environnement extrême, etc. Le sujet sera aussi abordé avec le médecin agréé lors des visites médicales.
  • S’assurer que le traitement, les injections ou contrôles sont compatibles avec ces contraintes (ex : insuline à action courte, choix des repas, lieu de stockage, transport du matériel).
  • Préparer un kit de secours à emporter : glucides rapides (barres, gel, boisson), eau, matériel de contrôle de glycémie, réserve d’insuline protégée des températures extrêmes.
  • Planifier ses repas/collations dans la journée de terrain : même lorsqu’il y a des déplacements ou horaires décalés, il convient d’essayer de maintenir des repères pour la glycémie.


B. Gestion pendant l’activité terrain
 
  • Intégrer la surveillance glycémique et l’injection d’insuline si besoin dans les temps de pause ou déplacements.
  • Adapter l’effort et l’hydratation : le port de charges lourdes avec votre équipement, les déplacements à pied, l’exposition au soleil et à la chaleur ou a contrario au froid peuvent impacter votre glycémie. Il est important de l’anticiper, d’adapter ses collations ou sa concentration d’insuline en fonction du protocole fourni par le médecin.
  • Prévoir un mode de communication ou un contact : il peut être utile d’informer un collègue de confiance voire sa hiérarchie, de l’informer sur les traitements en cas d’hypoglycémie sévère ou autre problème. Cela relève de la sécurité, celle de l’équipe et celle du public.


C. Coordination avec l’employeur, la médecine du travail et adaptation du poste

Comme indiqué précédemment, un médecin agrée jugera ou non de l’aptitude au poste (via l’arrêté du 13 mars 2023). Il prend en compte notamment le risque d’hypoglycémie sévère et l’existence de complications.  
Des aménagements sont possibles : pauses supplémentaires, alimentation accessible, matériel autorisé, accès à un lieu pour injection ou contrôle, horaires adaptés… 

L’employeur a l’obligation de sécurité (article L. 4121-1 du Code du travail), et doit mettre en place des conditions de travail qui protègent la santé des travailleurs. 

Si la maladie entraîne des absences pour des rendez-vous médicaux, vous pouvez potentiellement bénéficier d’autorisations d’absence. Il convient de se renseigner auprès de son employeur ou de la médecine du travail

 
Cas particuliers terrain à anticiper

Voici quelques situations spécifiques à envisager :

Travail en horaires décalés ou de nuit : L’irrégularité des repas et du sommeil peut perturber la glycémie. Il convient d’en discuter avec le médecin traitant et la médecine du travail de l’impact et des adaptations à prévoir.

Travail en zones isolées ou déplacement longue durée : prévoir l’accès à la nourriture, un stockage adapté de l’insuline (sous température contrôlée), et un matériel de contrôle glycémique.

Conditions climatiques extrêmes (chaleur, froid) : la chaleur entraîne un risque accru de déséquilibre glycémique ou de déshydratation. 

Effort physique intense ou port de charges lourdes : cela peut provoquer une hypoglycémie rapide. Il faut prévoir une collation avant, pendant ou après l’effort.

Environnement risqué/conduite : si le poste de travail implique des risques particuliers et que le diabète n’est pas stabilisé ou qu’il existe des complications, le médecin agréé en tiendra compte lors de l’examen d’aptitude.

 
Que faire si ça devient difficile ou que l’aptitude est remise en cause ?

Si le médecin agréé de la Police Nationale considère que votre état de santé n’est pas compatible avec votre poste sans adaptation, il peut prononcer l’inaptitude. 

Dans ce cas, une adaptation ou un autre poste pourra vous être proposé. Il est crucial d’anticiper les aménagements.

La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est également à activer si le diabète ou ses complications entraînent des limitations. Cela peut faciliter l’aménagement et l’accompagnement. 


Sources :

Ameli
Fédération Française des Diabétiques